Pourquoi Gombrowicz ?

Nous avons toujours été attirés par les auteurs « égocentrifuges ». Nous aimons ceux qui ont eu l’extrême exigence ou l’extraordinaire mégalomanie de penser que l’auscultation de leurs nécessités personnelles pouvait être une auscultation de leur temps, de leur pays, et, par-delà les systèmes politiques, de la pensée politique, c’est-à-dire des mutations de notre rapport à l’autre.

L’oeuvre de Gombrowicz a recours à des formes très diverses. Le théâtre est l’une de celles qu’il a choisi pour mener cette expérience : comment je suis continuellement construit et déconstruit par les autres et quels sont les séismes identitaires que provoquent ces constantes modifications. Il appelle cela « la religion inter humaine ». Cette idée nous est chère. Partant du prédicat que
l’homme en soi n’existe pas, qu’il n’existe que dans sa relation à l’autre, c’est ce lien qu’ausculte Gombrowicz .

Dans quel but ? Trouver sa place parmi les hommes. C’est une affaire de territoire (le réel, le choisi, le rêvé) et d’identité (la multiplicité des objets du monde, l’Histoire, son éparpillement, son impermanence, et comment là-dedans se construire un « je »). Ce n’est pas une mince affaire pour un Polonais, qui plus est écrivain, de surcroît en exil.