Bakakaï: Six histoires d’amour


Les nouvelles de Bakakaï, d’abord publiées sous le titre Mémoires du temps de l’Immaturité, sont les premiers écrits de Gombrowicz. Avec elles, il s’essaie à différentes formes, il cherche débroussailler et organiser ses obsessions, dont, justement, celle de la forme. Il débute là un questionnement qui ne le quittera jamais sur la manière dont nous sommes constamment modifiés, bouleversés par les autres. Il observe la tension qui s’établit entre les codes collectifs et ce qui en déborde toujours, et nous livre ces histoires étonnantes et pétillantes.


Prenant la forme tantôt d’un journal, d’une enquête policière ou d’un conte philosophique, chaque nouvelle « met en scène » des personnages de tous sexes et de toutes situations sociales, confrontés chacun à leur manière à la double tension entre l’intime et le collectif et à la difficulté de leur équilibre. C’est une question d’écrivain. C’est aussi une question d’homme. C’est de toute façon une question politique.

De ces nouvelles, nous faisons des monologues, que nous nommons « Courtes histoires d’amour », en ce sens que nous posons à chaque fois la question de ce qui nous lie à l’autre, que cet autre soit le metteur en scène, l’acteur ou le public. Le philosophe Bernard Stiegler en fait d’ailleurs le titre d’un de ses ouvrages : Aimer, s’aimer, nous aimer . Comment s’aimer, ou, plus précisément, comment réinventer ce que nous aimons ensemble, telle est, aujourd’hui, la dimension dont nous avons le plus besoin.